Man Ya prie dans le dialogue des œuvres d’amour… (Épisode 2)

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D&YM-Y Episode 2

Ce jour-là, le Ciel est limpide et tout passe dans une clarté presqu’éblouissante. Tout ce jour-là, le vent se lève par intermittence avec des absences marquées, rapproché se fait-il par douce rafale, voilà l’odeur du large, dont la force augmente au fur et à mesure du souffle du vent en rara, comme un chanteur de ladja. Le chant du vent au coeur de mille cimes touche en grâce le climat de ce jour-là. La Terre, elle, est tendre de sa couleur à son état, l’auteur en témoigne et c’est la journée qui se fait par elle et ses nuances, par une odeur de terre d’après la pluie, sur un sol demi-nu chaud de sa relation au soleil. Au moment où s ‘éveille le jour, un coup de foudre frappe un gros arbre au sommet d’un morne. Y prend feu, un faya burn qui purifie l’air de Zayann et créé une cendre fertile. Oui, brûle un gommier blanc sur le morne en nous…

Une Grande Dame me dit un jour alors que je passe par chez elle: « toutes les histoires se jouent en même temps; dans un présent bien à elle. »
Depuis ce jour-là, je me suis imaginé traverser la vie comme l’on traverse des scènes de vies au présent. Un présent dont l’époque importe peu. Ainsi, j’ai commencé à vivre tout pour vivre.

À cela, j’en ai conclus: à chacun son histoire. Dans ce cas, combien sommes-nous pour tant d’histoires qui vibratoires traversent le monde de notre présence… D’où faut-il considérer le présent sans en occulter notre présence. Car, le présent n’a pas de sens sans nos présences; de même que notre présence ne saurait avoir de sens s’il n’y a pas de présent à vivre.

C’est ainsi que je me suis vu vivre en conte… vivre sans décompte… vivre sans compte, sans acompte… viv jis kont sa mwen ni pou viv. Ka viv-li bien. Sé sa mwen yé ki yé Nou… Tjenbé bèl larèl jou pou jou… Lavi-nou an Lakou-a paka bout an zwèl Lanmou…

Combien saurait décrire le travay que mène certains ayant vu les Lakou disparaitre de leur présence permanente dans la physique de leur vie spatiale. Ce lien de nous-mêmes configurés en constellation demeure dans la vibration de notre constitution ensemble en Zayann.

Ce sont ces Femmes de nos lignées qui par la prière au Vent, à la Terre, au Ciel et au Soleil, maintiennent le lien invisible qui constitue les Lakou en leur entendement mystique.

C’est comme ça que la nuit s’empare du moment… Une nuit qui porte en elle le signe des origines. Cette lune pleine d’attirance…

Et, Man Ya est là en tout confiance de cette partie de l’humanité trouvant ses origines en elle; elle-même consciente de ses origines qui résonnent en écho éternel de la vie humaine en marche dans un univers de création. Man Ya est cet être qui a conscience de vivre d’ici en chair et de se projeter d’esprit dans les Mondes de nos imaginaires nourrissent de nos relations au Monde et aux autres humaines sources d’origines vibrant l’éternel cause humaine: vivre en harmonie. Acte II

Man Ya est allongée dans le salon au rez-de-chaussée. Depuis longtemps maintenant, elle ne peut plus monter à l’étage. La partie nuit de la maison.

Chaque nuit, un peu avant minuit, la voilà là, lorsque tout le monde est monté, est parti, et que la solitude s’installe. La télé habite la pièce noire, par des flashs de lumière atténuée de différentes couleurs. Tout est d’ombre et de lumière.
Elle n’y porte pas attention. L’air lourd cuit par la chaleur des murs de cette maison d’en-ville, s’en est allé. Et là, en corps, l’air frais du soir, gagne la bataille de l’atmosphère. Son corps est là étendu à ressentir des bornes d’elle bien plus vastes, elle se sent gigantesque.

Man Ya est entre deux états ; elle entre en nanm dòmi. Ce vécu de sa présence au présent d’un rêve éveillé. Ainsi, se met-elle à nommer ceux qui de sa famille et de ses connaissances sont partis, ont traversé. Fait le passage. Ce rite de l’honneur et respect aux anciens terminé, elle demande au Créateur la force d’œuvrer à sa tâche avec bénédicité. La voilà à l’entrée du pas sage. Et puis, c’est parti, en même temps qu’elle psalmodie les prénoms des êtres sortis d’Elle. Elle se réalise en origine. Oui, se dit-elle, « je suis une source. »

Une source qui sait reconnaître les ressources de ce qui nous entoure en ce que nous sommes en nous et entre nous. Une source d’inspiration révélée au fait de nos intentions. Source de Vie…

Djaya, elle s’est endormie avec les mots de son frère dans son cœur. Mots qui résonnent dans le rara de la rivière qui descend vers l’embouchure. Yadja, lui ne trouve le sommeil. Il repense à ce qu’il a dit à sa sœur. Convaincu qu’il doit veiller à ce qu’elle ne dépérisse pas dans ces illusions. Sait-il comme la femme est cible de ce qui assimile et créé égarement au sein de notre Nous, lorsque femme fut aliénée victime et que nos familles se disloquent de pères aliénés bourreau.

Comme Yadja l’a dit : Man Ya est tout le temps en prière. Ses prières, elle les lance en réponse aux interrogations de son corps assignés à résidence. Elle a alors fait de cette conversation avec le divin : l’essentiel de ses gestes d’amour au quotidien. Et nul ne peut l’accepter plus qu’elle : « être en relation avec le divin dans le présent de la présence. »

Man Ya appelle, Elle appelle sans cesse dans ses prières la grande héritière de son don et aussi petite fille de sa lignée.

Ainsi, la maison de Man Ya, au pied du morne, est devenue son sanctuaire. Elle ne peut s’y évader que d’esprit par la prière, et d’état d’âme par l’écoute.
Elle sait bien ce qui trouble Djaya, ce qu’elle n’arrive pas en corps à lire des signes, et d’âme à écouter les univers, et d’esprit à se libérer des illusions.

Car, depuis bien longtemps Man Ya a renoncé à être l’oracle du monde païen. Son rôle est celui de vous révéler, à l’entre de vous-même à vous-même, pour que la sérénité vous habite sans dilemme. Que la mission fasse sens dans votre chorégraphie de vie, et que votre cheminement trouve destination.

Car, elle connaît les rituels. Elle vous en donne lecture et ouverture à faire. Ainsi, elle est elle-même l’infaillible prêtresse d’une lignée dont la fragilité fait la force. Force qui trouve source dans l’acceptation de l’amour toujours inconditionnel. Là où, l’on vit hors des illusions du système social, lui qui a oublié l’humain et sa spiritualité.

La lune est au zénith, quand Djaya et Yadja semblent s’assoupir… une lumière les touche et une odeur maternelle les enivre…

Man Ya est transit d’une énergie tendrement chaude… sa bouche connaît un sacré délice et Elle sent qu’elle va dire…

Lui vient alors un rire d’une joie intense à la sonorité d’une voix usée au bonheur que la vie d’en-ville ne l’a pas empêché de vivre…

– Yich-mwen… Yich-mwen… Yich-mwen…
Mwen pé pa goumen kont’le malin piskè mwen Ka ba lov… mwen ka baw, mwen ka baw, mwen ka baw… yen ki lov…
Sèlman fòk mwen di zot :…

À ce moment précis, tout est de sorte que l’on ne sache pas vraiment, sauf à savoir franchement ce que notre intuition nous propose comme vision.

Larèl-La Ka ouvè…

Bokanté lanmou-a

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