Pochette de l'album Lanmou Fraktal

Lanmou Fraktal : Fruit de la patience

Album dédié à Mamie Sésé… Pour toujours dans nos Coeurs…

Lanmou Fraktal

« La victoire nous sera acquise comme nous acquerrons notre sagesse tout au long de notre pèlerinage de patience. » Telle est l’expression de ce qu’est le cheminement qui mène à la réalisation. La victoire est le cheminement, le fait de l’avoir trouvé et vécu. C’est par lui que s’acquière la sagesse qui augmente en le vivant comme un pèlerinage. C’est-à-dire dans une idée du sacré liant la voie, le phénomène et la voix. Le tout accueillit avec patience qui en somme, se définit non comme une attente statique et oisive. Mais plutôt comme dirait Césaire : « En demander plus aux nègres plus qu’aux autres : plus de travail, plus de foi, plus d’enthousiasme, un pas, un autre pas, encore un autre pas et tenir gagner chaque pas ! » La patience est une avancé. Elle qui ne perd pas le cap de l’intention et, ne manque pas d’ouvrir à la réalisation de ses acteurs. 

Pour nous, c’est une « Arme Miraculeuse » qui depuis nos ancêtres circule. Elle nous lie et délie des noeuds de nos histoires dans l’Histoire. Telle est notre vision de « Lanmou Fraktal ». An fòs lavi ki ka wè jou, pou lavi viv san nou ped fwa. 

« Ayen pa ka fèt pou Ayen », rété a lékout… Tel est l’un des enseignements de la démarche de création que vécurent David Obadja alias OBA et Malik Duranty. Car, elle est un long chemin qui mène à cette création et son inclusion dans une démarche encore plus grande.

C’est bien de cela dont il s’agit lorsqu’il est question de vous conter cette démarche. Elle qui vise à la réalisation de l’album « Lanmou Fraktal ». Un conte de rencontres en des lieux de relations sincères, génératrices d’inspirations donnant un goût divin à cette patience. 

Story de lanmou fraktal an chimen

Tout commence entre Oba et Malik. D. Deux fils du péyi Martinique qui s’ouvrent une relation fraternelle dans un dialogue artistique qu’ils nommeront « Pwézik ». Une pratique qui voit le jour dans l’entre-soi d’entre eux deux, par amour de la poésie et de la musique. Une pratique qui se vit dans l’improvisation par la construction et l’usage d’un langage entre eux deux qui nait. Et alors, s’allient-ils par connivence, pour ouvrir an larèl pou lakou avec d’autres en partage. 

En effet, alors qu’ils oeuvrent à la pratique de Pwézik, sous différents aspects de création spontanée et instantanée. C’est ainsi que David Obadja eut l’idée de la réalisation d’un album. En alliant leurs pratiques artistiques respectives dans un projet discographique. 

À cette époque, David Obadja développait une approche de composition musicale qui lui était propre. Cela donnant un son particulier de groove martiniquais. Tout habité par cette recherche-création musicale, il proposa à Malik Duranty de mêler leurs démarches créatrices. Cela pour un projet qu’il proposa de nommer « Lanmou Fraktal ». À cette époque germait en Malik Duranty, l’idée de l’écriture d’un roman-conté autour du thème et futur titre « Mistik Jaden ». 

Ils décidèrent donc de mettre en symbiose Leurs démarches créatrices aiguillées par ce qu’ils font dans le cadre de Pwézik. D’où, ils en vinrent à organiser ce qu’ils  appelèrent des ateliers-créations. Il faut, en effet, comprendre par cela, des rencontres qui les menèrent à la création des titres composants l’album. Dans une dynamique performative, à partir du thème « Lanmou Fraktal », ils partirent dans une démarche de recherche-création commune. Cela en ayant pris la dimension du cheminement que proposait la thématique. Recherche-création, car il fut bien question d’appréhender dans l’étendu de son entendement, ce qu’est « Lanmou » et ce qu’est la « fractalité ». 

D’où, apparurent ces titres liant le lexique musicale de David Obadja et le lexique poétique de Malik Duranty. Par un dialogue, il ne s’est pas agi de faire quelque chose de réfléchi et prémédité. Mais bel et bien, de lâcher prise au moment des ateliers-créations. Ce qui permit d’aller au-delà des acquis respectifs de chacun. Pour en marche, ouvrir à une exploration découverte par le dialogue artistique. Naissait une démarche ouvrant à la symbiose de leurs inspirations. D’où, tout au long de ce processus fait cheminement, ils vécurent émerveillement sur émerveillement. 

Kat Kwazé pou lanmou fraktal

Les grannvakans (grandes-vacances) arrivèrent. Et pour Malik Duranty, le moment fut venu d’entrer dans la démarche d’écriture de son roman-conté « Mistik Jaden ». Durant, cette période David Obadja et lui, avaient continué un dialogue et une recherche-création « Lanmou Fraktal ». Cherchant à chaque fois le moment propice à la rencontre pour des ateliers-créations. Cela entre les prestations d’Oba et des interstices de la dynamique d’écriture de Malik Duranty. 

Un soir, alors qu’ils faisaient le bilan de leurs démarches respectives et leurs démarches symbiotiques, vînt l’eurêka. Celui de lier les deux projets. Car, il semblait que naturellement les deux démarches convergeaient. D’où, vînt l’idée du projet « Mistik Jaden – Lanmou Fraktal ». Cette dernière se manifestant par l’inclusion dans l’histoire du manuscrit du roman-conté, de l’histoire de deux artistes. Ces derniers cherchant à se mettre en condition de créer un album. Ce dernier comportant le fondal natal philosophique et spirituelle de leur culture. D’où, leur inclusion dans l’histoire du morne était toute trouvée. Malik en fit la métaphore de ce que Oba et lui vivaient. Vécu se trouvant au coeur d’un quartier de la ceinture urbaine de Fort de France. En manifestant un Morne-Matrice d’une poétique nègre. 

Cela fut probant puisque se précisait la destination de cette navigation exploratrice. Au coeur de notre nannan culturel et du chemin de patience aller-vers. 

À ce moment précis, naissaient quatre titres du corpus final de cette album. Ces derniers ayant eu l’avantage de naître ex-nihilo dans des inspirations touchant les deux artistes simultanément. Leur unité inclue dans une atmosphère de total dévouement à la création et à l’inspiration. D’où, l’écriture de l’album coïncida à l’écriture du manuscrit, les deux dialoguant dans une genèse. 

Ainsi, se trouvent-ils à un katkwazé liant leurs offrandes symboliques du Mistik Jaden à Lanmou Fraktal. Cela sans nous étendre sur la dimension philosophique de la trouvaille qu’il vous ait possible de découvrir en lisant le livre paru aux Éditions Nèg Mawon. 

Après un travail inspiré qui donna naissance à un premier jet de maquettes pour l’album. Ils décidèrent de se rapprocher de David Rodap et Mango Studio. En effet, ce choix fut dirigé par le fait d’une relation de jeunesse avec ce dernier, appuyé par le fait que David Rodap par sa famille, son lieu de résidence et son ouverture, a développé une oreille musicale et une esthétique en capacité de respecter et valoriser par une approche moderne propre à eux, notre patrimoine musical et son nannan. 

Il accepta cette aventure que David Obadja et Malik Duranty lui proposèrent. Ainsi, ils se mirent au travail tous les trois. Prenait forme par un dialogue créatif sous le signe de la bienveillante fraternité qui les liait dans la démarche. Alors qu’ils atteignaient un sentiment de satisfaction partagé pour cet album, le covid et ses confinements successifs vinrent les mettre en pause. 

Chemin de patience : Lanmou Fraktal

Jeune, dans un texte poétique en hommage à sa Grand-Mère Manman Yvonne, Malik Duranty avait écrit la phrase suivante : « La victoire nous sera acquise comme nous acquerrons notre sagesse tout au long de notre pèlerinage de patience. » 

Une phrase qui sa vie durant lui réclame de la méditer à l’orée de chacun de ses métamorphoses. Et c’est exactement ce qu’elle exprime qu’ils ont vécu Oba, David Rodap et Malik Duranty. Car, une fois cet album et ce manuscrit terminé, un temps de patience s’ouvrit par un cheminement manifeste. Celui qui leurs permit de prendre la mesure de la pertinence de prendre patience pour voir le fruit de cette inspiration et de ce dialogue. Sa ki pou fèt ka fèt… 

Tant et si bien qu’ils eurent le temps et l’espace d’autres créations alors que le livre « Mistik Jaden -Lanmou Fraktal » et l’album « Lanmou Fraktal » étaient en gestation, attendant leurs moments pour éclore et être. 

Le manuscrit chez l’éditeur, la maquette chez le producteur, s’ouvrit un cheminement de patience. D’autant que la crise sanitaire passa par là. Avec du recul, ils eurent à comprendre que ce cheminement de patience les préparait en sagesse au partage de ce projet LANMOU. 

Ainsi, avec du  recul, il s’est agi de prendre le temps de la mobilisation de plusieurs acteurs ki vini ka mété lanmou an koudmen-an, pou lasotè kiltirèl èk Awtistik-la wè jou. 

À la reprise, ils avaient changé, pris du recul et de la distance. Ainsi, ils repartirent dans la démarche visant à peaufiner le projet. Le livre « Mistik Jaden » allait enfin être publié aux Éditions Nèg Mawon. Et, il leurs fallut faire le deuil de la parution de l’album et du livre en simultané. Grâce à ce choix ils purent collaborer avec Jonathan Dansicare à la batterie sur le titre « MaFwa ». C’est cette première expérience collaborative avec un instrumentiste de qualité qui les a convaincu de poursuivre sur cette voie pour l’ouverture d’un lakou. 

En effet, un des titres dont le refrain était constitué par des onomatopées par une approche mélodique et rythmique inspiré de nos usages traditionnels de la trompette et plus largement des sections de cuivre de nos orchestrations musicales.

Ainsi donc, ils tombèrent d’accord pour faire appel à Charles-André Duranty alias Chawly. Celui dont la musicalité est tout à fait apte à s’inscrire dans la présente démarche artistique. L’idée est qu’il vienne en renfort mélodique sur les refrains, avec une carte blanche pour des improvisations sur les couplets. C’est de lui qu’ils comprendrons par démonstration empirique, comme c’est le musicien qui est au service de la musique, pour un dialogue avec la poétique du titre. Ne pourrait-on pas dire que la trompette et le trompettiste produisent une autre voix qui raconte. À quatre dans le studio, ils furent trois témoins de la performance de Chawly sur les titres « Zél Lanmou » et « Bwa lélé ». Tjè kontan, un sentiment qui les habitait à la sortie. Celui souwsé dans la croyance en cette réalisation sincère et pleine de justesse. Ça méritait… 

Bagay bèl ka ouvè chimen

Alors, ils poursuivirent ce rêve. Oba eut alors l’idée de contracter Sylvain Drané (Motion’s). Un frère bassiste à l’histoire particulière qui renaissait lui-même en sacrement de son retour au péyi natal. S’affirmant en son être musicien. Sa basse de toujours était prête à groover sur cette musique de groove karibeen de Oba. Ils enchainèrent à quatre les titres qu’ils avaient présélectionné à trois. D’où, « KaRiBeeN », « Bwa lélé », « Rouge Gorge » « Zèl Lanmou » et « MaFwa ». Ce qui offrit un moment impérissable en deux rencontres. 

Or, ils allaient profiter de cet élan en balan pour demander à Max Telephe, oui le frère de Miki, de bien vouloir leurs donner un koudmen. Quand, ce dernier vînt, tout allait d’un enthousiasme débordant. Comme, ce fut le cas pour l’atelier de création avec Chawly. Voir l’inspiration imprégner l’être artiste, à déborder et s’exprimer libre et juste aux témoins qu’ils furent. Ce fut un bel apprentissage. La question : vers quoi nous mène l’expérience? La sagesse de l’art qu’elle est-elle? 

Max enjailla les bandes des titres qui l’attendaient. Il était venu pour poser son son toutoun banbou, zwézo mònn ki enmen larivyè, et il posa aussi son chacha, comme le guide de la danse des esprits des ancêtres en présence. 

Ainsi, ils ne purent faire autrement; car, son nom vînt naturellement à leurs lèvres lors de leurs pérégrinations imaginatives quittant une orbite pour une autre. Hors, il leurs fallait un pilote. Guy-Marc Vadeleux (alias GMX) vînt alors avec sa générosité légendaire signer une trace mélodique sur l’un des titres de l’album. Ce maestro maîtrisant son instrument du point de vu technique, pouvant aisément libérer son inspiration emprunt de sa connaissance des musiques de notre ère culturelle. D’où, ils furent touchés par son écoute et la justesse de son jeu créant harmonie et groove, vivifiant une musique en partage d’élévation. Son écoute de la maquette, comme celle de Chawly, Max, confirma la pertinence de la proposition que constituait l’album à-venir. 

C’est un gran Lakou Pwézik qui manifesta la fraternité et la solidarité. Dans le cadre de cette démarche artistique qui produisit une offrande à la société et toutes celles qui par leur histoire, possèdent un lien avec nous, avec la terre. 

Gadé Mistik Jaden Lanmou Fraktal-la 

Un cheminement artistique qui oeuvre au cheminement spirituel et philosophique, faisant ici l’économie du listing de toutes les découvertes que vous serez susceptibles de découvrir vous-mêmes en voyageant de lecture et d’écoute musicale. 

C’est avec recul donc, qu’ils en vinrent à réaliser la place du chouvalbwa de notre culture, dans l’esthétique rythmique, vocal, la kadans et la philosophie ainsi que la spiritualité de cette démarche de création. 

Certainement, ils auront l’occasion d’être plus prolixe à ce propos…. Car, il s’agit juste d’une ouverture du sujet, sur ce que représente le chouvalbwa en nous pour qu’il soit, si discrètement au fondement de notre innovation musicale et notre ancrage spirituel an ladjé kò… 

Maintenant, il ne vous reste qu’une chose à faire, vous laisser guider par cette musique dans ce jaden vibratoire qui, de la résistance engendre la résilience, par lélévasyon du Nou Nou Ka en Lanmou Fraktal du vivre-ensemble. 

https://www.deezer.com/fr/artist/61371312

Bokanté lanmou-a

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