Corps-chemin Apprenti-Sage

De l’œuf de l’apprenti sage

Avec du recul n’est-il pas sage de penser que l’apprentissage serait moins douloureux si les freins à l’identité-relation et la torsion des structures mentales qui nous assimilent, s’évanouissaient dans notre nature.

Ici, dans le monde de la loi du plus fort modernisée, chaque corps tourne en rond par une identité-position. Il se ruine dans notre corps-ensemble du “tout moun sé moun”. Par le jugement et la condamnation, Corps-ensemble dérive de douleurs, pleures et peurs. La décadence en corps qui se dévoile comme un trouble intérieur. Tout cela par une opposition conflictuelle et systématique, le tout valant au démenti de vérité, ce que nous ne visualisons plus en aucun corps-ensemble: l’harmonie. Celle de se sentir et de se ressentir de tout chose à la source et à la cause intérieure.

Chaque corps est un et son expérience à vivre aussi. Pourquoi comparer nos corps pour juger? Pourquoi comparer les corps entre eux pour condamner? Alors que nous ne cessons de les chercher, de les connaître, de les savoirs, et de les réapprendre. Comment comparer des corps sans les connaître? Pourquoi s’arrêter de les connaître pour les comparer?

De l’œuf, l’apprenti-sage guette la sortie… du souhait de ses origines, il ne sera pas victime, il ne fera pas de victime, il possède son corps sans fatalisme… il vit…

De nos corps en culture…

Nous y voilà, au commencement d’une vibration féconde. C’est la coquille d’un œuf qui craque, ce qui est en-dedans, veut naître au jour. Se fissure la coquille, elle s’effondre en morceau, laisse à sa base comme un berceau. Un corps à nu est là. Au départ d’un cheminement d’expérience, il y a un corps qui ne cessera d’être en train d’être. Tout se construit et, est perpétuellement, continuellement en train d’être.

Ce corps apparaît à la vie, et la vie lui apparaît de tous ses sens qui l’éveillent en corps vibratoire. Et, le voilà corps bavard à tous les langages qui portent témoignage. Celui de la présence au présent manifesté dans la simplicité d’un corps qui respire. Le voilà, il est sorti de sa coquille.

Déjà dans l’œuf, une lumière claire d’en-dedans annonçait le passage. Une lumière diffuse d’en-dehors pour source annonçait la naissance de l’Apprenti Sage. Lui, le nèg mawon sortit de l’œuf de l’obscure passage.

Respirant, l’apprenti-sage prend possession de lui même. Écoutant, s’élargit sa conscience, sentant et ressentant, se construit la perception totale et globale, vivant comme créant, se construit le langage de son lien essentiel, cheminant, son corp va pas à pas construisant un patrimoine d’une autonomie de ses besoins satisfaits de sa culture. Un corps est toujours un corps dans un corps plus grand.

Apprenti sage du mawonaj: nèg mwen ka viv-li lib…

Il avait dit: “Un corps, je le sens et le ressens dans son alliage élémentaire. Il est là et il regarde l’homme faire. L’homme-artisan fait de ses mains, l’œuvre primaire de la vision qui de son regard dans l’invisible de la forme et de l’indicible du fond, révèle l’outil-symbole. L’homme-artisan est ses mains créatrices, il est le créateur d’un alliage élémentaire. Il brise en sa matière le symbole de la misère. Lui construit ici en édifice humain de la barbarie de laquelle, il s’évade franchement. Un souvenir s’est estompé.

L’Homme-artisan fait l’acte de création fondamentale, l’acte fondal natal d’une culture d’ici, du Morne à la Mangrove.

Or, elle, la mémoire en corps, est là pour l’éternité. Et, elle montre en corps actuel le beau primordial de notre geste. Ce qui y est factuel: c’est cette quête de notre corps désenchainé, de notre corps libre de fertilité et de fécondité, libre par notre créativité, allant délivrer les lignées, qu’il soit beau et bon.

Ici, s’effondrent les symboles du racisme systémique, de l’économie moribonde, de la sociale soumission. Ici, ce fait l’outil-symbole de la fortune nègre, tel l’apprenti-sage, c’est être libre de vivre la relation. Libre de vibrer… Libre du don, du pardon et de l’abandon. Oui, quand par la vibration, nait le lien essentiel de l’harmonie des âmes, de l’esprit et des corps dans l’ensemble.

Le racisme systémique est autant dans le blanc que dans le noir. Deux inventions, deux illusions qu’il faut vaincre pour que naisse le nègre. Lui, l’homme au corps-enchanté qui dialogue au langage des synchronicités.

Pourquoi ne pourrions-nous pas être autre que l’écho du corps des autres, sans être nous-mêmes une vibration pour nous-mêmes? Une vibration qui serait le primordiale de ce que nous sommes en senti et ressenti à l’instant même? Poutji ou paka wè wou épi mwen nou ka fè yan ? Nou tout sé yann, nou tout an yann, yann an tout, tout moun sé moun ka viv, kouté…

Debout en nègre là sur ce bord de route.

Hummm, c’est bon! Il va falloir y entrer. Là est vert. Fait d’ombre et de lumière. Beau et bon tout bonnement. L’air y est doux, c’est bon de l’aspirer, et bon de le relâcher, expirer plus chaud que son inspiration au dialogue intérieur. Une joie en corps comme pris du balan d’un chouval bwa. Le malfini est là. Sous les glycérias, il ne se laisse pas voir, on l’entend. Et, on finit par l’écouter. Le vent, chant d’arbres, de bambous, de la rivière dans la faille, et le marteau au lointain qui percute le rythme de la terre.

Elle est là au bout d’une allée, faite de pelouse et, parsemée de morceaux de magma. Ici là, en tas de bwa, sèklaj et autres matières détournées, pétées et gisant là et là, il est là l’homme-artisan. Son marteau parle du lointain.

La maison est là. C’est à la fois une cabane et une baraque. Une vibration ancienne y habite comme un frémissement constant dans l’ensemble du lieu. C’est là qu’il naîtra, l’outil du lien, le vibrateur du pont entre le visible et l’invisible. Mwen ka diw sa… Manmany épi papay la… L’outil-symbole qui est à chevaucher, li épiw ké ka fè yann pour vivre la vie de l’esprit en donnant une âme à un corps. Lui se fera corps.

Le nègre dessus est esprit
qui de ses mains construit
la vibration du senti et du ressenti
qui fait l’âme dans l’actuel
dans le dialogue des natures de la nature
Nègre en est une.

Pété le tonneau de la marchandise pour l’apprenti sage

Pété le tonneau de la marchandise pour l’Apprenti Sage, c’est le rite du passage, celui de la révélation de l’âme. Elle fait danser le corps.

Le tonneau est déconstruit, s’y récupère la matière. Lames de chêne et fer de cerclage sont désunis de leur assemblage en tonneau. Le feu rendra malléable la fibre des lames de chêne et le fer oxydé par l’alizé tenace. Se forge alors le caractère de l’outil-symbole au rythme du marteau. Résonne alors sa percussion créatrice.

De ce rythme du marteau, de cette chaleur du feu, de cette force minérale de l’enclume, se métamorphose le symbole de l’infortune nègre. Lui qui est source en matière première, de l’idée salvatrice de faire ici: l’œuvre primaire. La racine vibratoire prendra source ici, place tou patou alantou. Ni nou nèg toupatou an limanité.

Cabri a prêté sa peau, clouée en plein soleil, elle sèche, s’étire. Elle se métamorphose d’une enveloppe de corps à quatre pattes, à une membrane vibratoire de vie.

Mwen Ka diw! Une lune monte au Ciel propice, et élève avec elle tout geste créateur.

Alors, l’homme-artisan convoquera la force pour que l’alliance élémentaire, se fasse de l’alliage élémentaire de l’œuvre primaire. Le feu chauffera la fibre et le minerai de la terre, que l’eau figera les lames de chêne et le fer des cerclages, que les jambes, les mains, menées de tout le corps, tiendront ensemble jusqu’à l’harmonie du tout de la chose qui vient.

Le marteau reste maître de cérémonie. La peau de cabri étendue et liée à un cercle de fer, se fera bonda. Naîtra à l’alliance de l’eau, du feu, de l’air et de la terre: Tanbou! Sous la lune qui monte et qui élève les énergies qui donnent vie: Tanbou. Et, le serrage vient achever la naissance a lèa i maré reny. Mèt-li ké ka vini bay an séraj pou tout bon. Sa bèl!

L’œuvre primaire renaît de ces cendres mémorielles, par la mémoire du corps, au souvenir de ce besoin vibratoire, un essentiel. Alors, il est là et s’entend en lui la raison de l’incantation. Celle lancée par Eugène Mona: “An Nèg sé an Tanbou; an Tanbou sé an Nèg!”.

Maintenant, l’apprenti sage chevauche le Tanbou

Pour l’apprenti sage, tout commence comme dans le corps enfant. C’est par l’expérience au touché de la chose que se recherche le savoir et la connaissance. Trouver ce qu’il y a de caché. Ce qu’il y a au-delà de l’apparence quand c’est tous les sens, le corps entier qui se fait le récepteur, le vecteur, l’émetteur de l’expérience.

Il semble là qu’une métaphore de l’existence soit à l’œuvre ici. Ce conte poétique relatant la naissance d’un Tanbou, nous éclaire. Quand, l’apprenti sage chevauche l’outil-symbole, il fait le choix d’être pour ce tanbou-kò, un ka. Cette esprit créateur d’une âme qui le lira à ce tanbou-kò. De ce lien nait une voix, une somme vibratoire.

Ce qui nous révèle que :

“Le nèg est l’esprit du corps-tanbou. Le tanbou est le corps de l’esprit-nègre. L’âme nègre étant le lien entre l’esprit-nègre et le corps-tanbou, elle est cette manifestation du Ka. Lui de nos lignés réelles aux autres noms de nos origines sur l’île primordiale proclame la naissance de notre négritude. Car, il est là.

De là où, s’entend le corps-libre comme une terre promise de ces siècles d’errance.”

Faut-il en corps naître dans l’ensemble?

Assis sur le tanbou, l’apprenti-sage se dit: “Je suis un apprenti sage en cheminement de vie, sans cesse en corps jusqu’au pasaj du bout de la vie.
Oui de l’histoire, je m’élève jamais au dessus ou en dessous de l’horizon. Car, je suis nègre, celui qui regarde le monde à sa hauteur humaine, pour le vivre simplement. Si je monte, c’est le morne… celui de ma vie. Celui de la vie de notre corps ensemble.

Écoutes:
N’est-il pas censé de savoir écouter sans écho en soi, de ce que l’égo aurait à dire, de ce que le témoignage est en train de dire, dans le contexte de la rélation du présent de la présence à l’instant même?

N’est-il pas censé d’écouter le témoignage des corps anciens? Car, leur chemin est bien plus loin en corps?

N’est-il pas censé de penser et croire le corps ici maintenant, en pensant que mon corps libre est un corps joie qui va nature?

L’apprenti-sage marche en corps le chemin. Son tanbou en corps, il va le morne de la vie.

Il devra entendre la mythologie du corps-nègre. Quand le cri nègre réclama son corps, c’est pour toute l’humanité qu’il vibre la guérison.

Toi qui en a fait une victime. Regarde-le guérir… Abyssal badam…

Nèg wou épi mwen nou ka fè yann

J’ai demandé à l’abondance de toucher mon jardin
De donner des fruits et nourrir les corps suaves d’une sueur d’amour

J’ai demandé à la résonance d’emporter
Chacune de mes inspirations en vibration d’écho
Qui va de part le monde semer la positivité
Qui a germé en mon arbre et mon art

J’ai demandé à mes racines de répercuter les vibrations du ciel
Dans la terre et de récupérer celles de la terre
Pour la mener à la cime qu’elles touchent le soleil

J’ai demandé à maintenant d’être le plus beau songe
D’une vie réelle
Qui par l’imagination vient te toucher
Là où tu es
De la façon dont tu veux
De la façon dont tu souhaites m’accueillir

J’ai demandé aux sens de la vie même
De nous mener à une direction commune
Un jour pour trouver les fruits.

Maté tanboua
Lévéy anlè
Fidji bonda koté solèy
Gadé an didany
Ga sa ou ka wè?

 

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Bokanté lanmou-a

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