« La victoire nous sera acquise comme nous acquerrons notre sagesse tout au long de notre pèlerinage de patience. » Malik Duranty
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Man Ya est une Grand-Mère, elle est cette femme, mère de parents; mémoire elle-même de trois enfances. Elle est par trois fois en sa propre foi, un puis de sagesse en eau claire. C’est un être et aussi une atmosphère, un lieu et temps, dans le partagé. Ce qu’elle vit des autres n’est pas d’ailleurs ce qui en elle est la source de son intention d’être à Elle Libre.
Oui, elle connait tant de langages vivants qu’il est vivifiant de se raconter d’Elle et de s’entendre raconter l’histoire d’une lecture de la vie d’Elle. Depuis, Elle et sa mémwa d’Elle et sa mémwa reçue du Don transmis au fil de sa lignée de vies qui défilent, vivent.
Elle est une mémoire vivante et une vie de mémoire qui nous touche pour nous guider. Elle nous pousse à faire chemin nous. Le chemin de nous-mêmes.
Elle le Totem PotoMitan de sa présence à son souvenir… Humes l’air de cet atmosphère d’après lapli, et sens bien le vivre que Grand-Mère a mis en Toi… Méwi…
Elle est à l’entré du lieu-dit de la Famille. Comment fait-elle? Elle est toujours là. Même après que nous soyons partis, Elle est là…
Ès ou konpwann sa?
Alors quand Man Ya sort d’elle en un souffle d’une douceur à la fébrilité de sincérité, les mots viennent; s’ouvre un intérieur à la drôle de sensation de ne faire qu’un, de nous et du monde… plus d’alentour et de contours, tout est à l’écoute de tous les mouvements en vibration de présence au présent.
Et à Man Ya de dire:
« …Sèlman fòk mwen di zòt :
C’est une main qui lave l’autre; Sé an lanmen ka lavé lòt ; c’est une expression pour dire que c’est la solidarité qui mène; nous avons besoin de complémentarité pour faire les choses essentielles, comme se laver le visage, et se laver les mains ; faire ensemble ressource pour par entre nous. »
Je me souviens du jour: où je suis parti pour l’École le matin, quand revenu le midi, il n’était plus possible de le vivre avec Elle comme avant…
Alors, je me mis en quête de Mémwa…
Man Ya: An Lanmen Ka pasé
Man Ya ni pou di… à un frère et une sœur…
An lanmen Ka Lavé Lòt!
Mwen ka di zot anni tann pou konpwann èk konpwann pou tann
Sa ki dan tjè la blès ka ouvè zié-nou asou limyè ki ni ka nouri lavi
Nouri lavi-bèl.
Kouté :
La main
Oui La Main
Et je dirai
Manuel : pas besoin de manuel
La Main prend le corps
parle donne protège emmène apporte
touche sens caresse pousse appuie
libère tient danse le mouvement de la vie
tiens touches et sens en ma main mon coeur battant
Ceci dit,
Le mot est bien choisi
Parce que je me souviens d’un temps
Où, je regardais ma Grand-mère.
Je regardais ses mains.
J’ai cette mémwa kinesthésique en moi
qui me raconte…
Elle avait de belles robes
Elle était fière
Et elle marchait toujours bien droit.
Elle était rigoureuse
Il ne fallait surtout pas
Déroger à la règle de l’éducation
Sinon badam
Bagay té pé vini cho.
Mais ma Grand-mère
Elle avait les mains de travailleuse
J’avais l’impression
Qu’elle avait été mécanicienne
Ou sûrement coupeuse de canne,
Je ne savais pas trop bien…
Ma Grand-mère
Avait les mains fortes
Et puissantes
Rugueuses
En même temps
Ses mains pouvaient vous caresser
Et puis aller là comme ça
Dans le vent d’Alizé
Au moment où
Elle savait se reposer.
Oui,
Ma Grand-mère connaissait faire repos
Pas tout le jour, pas tout le temps
Mais de simples petits instants
Partagés avec ses petits enfants
Le temps d’un contact doux comme tété lang.
Ses mains étaient agiles
Oui
Elle n’avait pas besoin de manuel…
Elle savait tout faire
Tout transformer
Et tout était bon
Tout était gouteux.
Et puis,
Un jour, ses mains se sont figées
En face de moi, ses mains se sont figées
Le moment était impérieux
Elle devait m’exprimer quelque chose
Et a-t-Elle commencé par dire :
« Yich-mwen,
Tes mains doivent être propres
Car, respectueuses
Tes mains doivent être tournées sur les autres
Et parfois dans le dos pour te protéger de la chute
Et par foi
Tes mains doivent offrir
Tes mains doivent caresser
Tes mains doivent instrumentaliser l’outil
Pour réaliser ta pensée et tes rêves
Matérialiser tes états d’âmes
Tes mains ne sont pas seulement à imiter
Elles sont à suivre
Elles sont à faire penser
Tes mains ne doivent pas être violentes
Elles ne doivent pas frapper
Elles peuvent panser
Oui,
Tes mains peuvent cajoler
Et tes mains peuvent planter
Et surtout tes mains peuvent récolter.
Tes mains peuvent offrir
Le fruit de ta récolte.
Et si jamais,
En retour tu n’as pas de manuel
Tu peux toujours compter
Sur l’intention du geste partagé
Une main dans la main
Vaut toujours mieux
Qu’une main dans la poche
Alors
Avant le coup de main
Toujours être certain
Que la main gauche
Que la main droite
Soient prêtes
À offrir le pain
Du coeur
Au centre de l’intention
D’entre deux mains tendues
Coeur Battant… ».
À ce moment là, Man Ya ferme la bouche. Suspendues à ses pupilles des larmes claires; et puis, sur ses lèvres, une infime vibration, un vent l’embrasse. Elle entrouvre la bouche en petit interstice; par là, Elle respire une atmosphère tendre, un geste pour Djaya et Yadja qui reste là dans le chaos de leurs pensées, ils sont là… ils respirent et réalisent…
Un malfini plane en haut du plus haut sommet du Quartier. Le vent est doux et s’apprête à partir avec la pawòl de Man Ya. Quand, il se mit à murmurer tendrement une invitation à Djaya et Yadja… Tous deux regardent Man Ya qui acquiesce de la tête.
Le vent se gonfle alors en une rafale toujours aussi douce…
Sé pati pou viré… Sèten Man Ya ka pwézi mofwaz ba yich-li… Li konèt zafè li épi li van… Divini van Ka pousé Malfini dan van… kon tèl lèspwi Monm Péyi-a pati épi Yo Fanmi Ya.
[…] Man Ya: An Lanmen Ka pasé (Épisode 3) – Éditions Lésans Syèl Dlo Tè Difé […]