« Le Chemin est long » – EK/MD

Certainement que certains voudront y voir une obsession. Or, c’est bien là une réalité. Car, le vivre-ensemble ne se doit pas d’être uniquement une projection métaphorique qui nourrirait un mot-d’ordre sans substance. En corps une foi pour le dialogue artistique, lui le fruit d’une relation dont le principe est mis en oeuvre pour l’inspiration et la réalisation du morceau « Le Chemin est long » co-signé et interprété par Esy Kennenga et Malik Duranty, avec les arrangements de Jakool par lesquels opèrent la magie d’une anvi-dansé.  

Story 

Il était un jour, en fin de journée, où une foi eut à se manifester. Mon smartphone vibra alors que j’étais en pleine lecture. Ay c’est Esy… Je décroche et à sa voix, j’entends l’eurêka. Après les salutations d’usage fraternel entre nous, il me demande s’il peut me faire écouter par téléphone sa dernière composition. Celle pour laquelle il a déjà un refrain. 

Flash an limiè, cette écoute m’enjaille directement, quand monte en moi l’inspiration du premier couplet, celui que je lui livre d’un jet comme éruptif. Couplet qui est inspiré d’une méditation que je nourris depuis quelques temps, à propos de notre lien avec les anciens et les ancêtres. S’en suit alors une conversation, telle que nous savons y faire, sur l’opportunité d’un tel message en notre temps actuel.

Alors, nous jubilons ensemble de sa pertinence, nous évoquons comme à notre habitude, tout ce que cela produit en nous. Décidés à nous dévouer à la cause du ansanm-ansanm. La Cause de l’humain. 

Quelques mois plus tard, Esy poursuivait son cheminement créatif, lorsqu’il nous convia David Obadja et moi à un atelier-création. Nous y sommes allez donc ensemble, au coeur de la campagne de Sainte-Luce, dans le sud de la Martinique, rencontrer Esy qui s’y trouve en compagnie de Gilles. Nous nous y rendons le coeur en joie. Et, ce jour là, naissent deux titres de son album “Carnet de voyage d’un solda lanmou (Chapitre 3 & 4)”, ici présentés par la présence de plusieurs étoiles de la Konstélasyon, comme dit OBA. 

« Le Chemin est long » 

Cette chanson n’est pas anodine. Car dans notre société, l’Art n’est pas uniquement dévolu au divertissement, voir à la dispersion. Il est plutôt le vecteur d’un engagement, d’un militantisme culturel qui se trouve être déterminant dans la dynamique de notre construction sociétale. Notre société qui vit sous le joug culturel, politique et économique d’ailleurs. Là où, en occident, il en est certains (à la mentalité dominante) qui se sont déterminés comme colons, à une certaine époque et éprouvent aujourd’hui la difficulté à abandonner l’assimilation et l’idéologie qui la sous-tend. 

Or, au sein de nos sociétés, bon nombre de penseurs et artistes ont eu des inspirations. Ces dernières visant à la conscientisation de l’humanité à notre particularité. Ainsi, des chefs de fil producteurs de mouvements culturels et discours identitaires, ont oeuvré à notre élévation et notre révélation. Tout cela s’est inscrit dans un grand mouvement de renouvellement générationnel. Dès lors, il est remarquable que chaque génération eut portée sa contribution dans le continuum culturel et identitaire de notre société. Participant pour se faire au débat discontinu mais permanent, participant au dialogue culturel. 

Cependant, cela a eu à générer des querelles à chaque époque transitoire du dit renouvellement. Puisque l’opposition est un principe qui marque la relation entre le transmis d’une génération et l’appropriation de la suivante. C’est ainsi que pour nous, il est important de prendre de la distance et du détachement. Car, il n’est pas viable et convenable, selon nous, d’hériter des querelles de nos prédécesseurs, des querelles du débat qui anime la place. Mais bel et bien, de nous intéresser aux débats en leurs nannan, leurs essentiels. Le tout pour nous inspirer des sagesses s’inspirant de ces legs de la production intellectuelle et artistique entre nous (inter et intragénérationnel). 

Conscientisation : Nou pa touni an tèt… 

Ainsi, en même temps que nous prenions conscience de la nécessité d’hériter de tout un chacun de nos ancêtres et nos anciens, pour et par leurs contributions à une patrimonialisation hors du commun de nos sociétés, nous fûmes envahis d’une prise de conscience du fait que ce que nous faisons dans l’actuel, est aussi fait pour les futurs générations, génération-à-venir. 

D’où, l’idée de ce titre « Le Chemin est long » vient du fruit de notre prise de conscience du fait que nous ne sommes qu’un passage de ce cheminement de construction du continuum des mouvements culturels et de nos discours identitaires. En définitive, nous comprenons que la destination va au-delà du chemin que nous traçons. Car, ce dernier est la trace de notre exploration d’un corps bien plus vaste que le nôtre-même. C’est peut-être cette vastitude en perpétuelle découverte qui est la destination. 

En tout cas, il aura fallu trois pères (Esy Kennenga, Jakool et Malik) pour que cette semence germe dans le terreau de nos espoirs en notre peuple, lui qui est un assemble générationnel indéniable qui devrait cesser de s’ignorer. Ès ou tann!

“Tout Jénéwasyon ansanm ka fè pèp.” 

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Bokanté lanmou-a

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