« La victoire nous sera acquise comme nous acquerrons notre sagesse tout au long de notre pèlerinage de patience. » Malik Duranty
Ouverture
Une histoire a toujours une voix. Celle qui habite l’auteur dans un premier temps. La voix par laquelle, il se raconte une histoire. Cette voix participe à la création de l’histoire qui une fois sur papier, du manuscrit au livre, va changer plusieurs fois de voix des premiers lecteurs du cercle intime de l’auteur, passant par celle de l’éditeur et son équipe pour être offerte aux lecteurs. Ceci dit, combien sommes-nous lorsqu’enthousiasmés par une histoire, l’envie incompressible de nous la lire à haute voix, ou à la partager par le même procéder. Le livre n’est jamais qu’un média, ce qui fait sa valeur, c’est l’histoire qui éveille une voix sur une voie en nous.
Que ce soit le livre en version papier et/ou en version audio, l’un n’empêche pas l’autre et cela ouvre à deux appréhensions de l’histoire. Dans la version papier, c’est votre voix qui l’interprète en dialogue avec votre vécu et votre imaginaire (image, rythme et scénique) par moment bafouant le rythme inscrit par l’auteur. Dans la version audio, un acteur interprète se charge du rythme et de la scénique, oeuvrant au réveil du sensoriel en vous, par son appropriation par interprétation du texte. Lire et écouter une histoire pour deux univers liés par la passerelle (qu’est l’histoire) pour deux expériences d’elle.
Une Voix… Une Histoire… (UVUH)…
Initiative : Une voix… Une Histoire…
« Une voix… Une Histoire » est une maison d’Éditions de livres audio, le fruit de l’initiative de Manick SIAR-TETECA. Cette inspiration lui venant de plusieurs années de recherche-action autour de l’illettrisme. Elle exerçait à l’époque son métier de psychologue à l’Éduction Nationales en Guadeloupe. Là où, cette problématique socio-culturelle, trouve son fondement et oeuvre à son inspiration. Celle qui veut la prise en compte de l’oralité de nos cultures. Le tout pour oeuvrer à l’accessibilité de la littérature à un plus grand nombre. Ainsi, se lance-t-elle dans l’entreprenariat engagé, en créant la maison d’éditions de livres audio « Une Voix… Une Histoire… » Lasse est-elle d’observer en nos sociétés l’effondrement de notre propension pour la littérature autant que pour l’oraliture. Son initiative se veut alors promouvoir la littérature de notre ère culturelle.
Manick SIAR-TETECA souhaite s’engager pour s’attaquer aux problématiques de l’illettrisme et tous les handicaps qu’ils génèrent au sein de nos sociétés. Tout cela dans la dynamique de sa vocation artistique. Elle qui est femme de théâtre et lectrice passionnée de littérature antillaises et africaine. La pertinence de cette initiative se trouve alors dans le fait qu’elle ouvre à un autre champ d’expérimentation culturelle. Cela par la passerelle que cette acteur culturel inaugure entre la littérature et l’oraliture. Une démarche fortement appréciable puisqu’ouvrant à un nouveau champ du possible pour les auteurs en terme de débouché pour leur manuscrit. Certainement que cela finira par ouvrir à de nouvelles démarches d’écrire amplifiant le caractère orale du texte à dire.
L’oralité de notre culture en perpétuelle recherche
Ainsi, l’oralité de notre culture en perpétuelle recherche pour réifier ce qu’elle est : un vecteur séculaire du processus de transmission-appropriation de notre culture populaire. Espérant que nous finissions par renouer avec la place de la lecture et de la littérature. Eux qui ont jouées un rôle déterminant dans l’ascension sociale et l’élévation culturelle de nos sociétés. Tant et si bien que la création dans le domaine de la littérature de nos pays, a connu un développement sans précédant. Cela par le nombre d’auteurs et de courants d’idéologies culturelles, l’élargissement du lectorat un temps et l’appropriation singulière des genres littéraires d’alors, le tout nourrit par l’oralité dans le style.
Participer à cette initiative UVUH
Beaucoup de choses m’ont plu en cette maison d’éditions de livres audio. Les valeurs d’engagement et le caractère inclusif de la démarche de Manick dans la direction éditoriale et artistique, faisant de l’expression « Une voix… Une Histoire… » soit en réalité un principe clé de la production des livres audio. Car, autant certains auteurs peuvent eux-mêmes interpréter leur texte, autant Manick mettra le plus grand soin à trouver la voix qui ira avec l’histoire. Cet engagement autour de l’oeuvre et le soin mis à le produire m’ont largement rappelés ce que je partageais déjà avec mon éditeur, à savoir les Éditions Nèg Mawon qui sans surprise, se trouve être en lien étroit avec UVUH.
En tout cas, du jour de notre premier contact avec Manick, la maison d’éditions n’a jamais cessé de croître et d’innover, étoffant son catalogue, élargissant et diversifiant son lectorat (enfin auditoire), avec beaucoup d’actions de proximité et d’initiations. D’ailleurs retenons à ce propos, les relations naissantes avec certains pays africains qui semblent en voie de pérennisation. Cela créant un pont culturel véritable. Encore une autre passerelle.
D’où me voilà partie prenante de la construction d’une part innovante du patrimoine immatériel de notre culture. Cela a commencé avec les éditions Nèg Mawon et s’est renforcé avec les Éditions UVUH.
À découvrir aux Éditions Une voix Une histoire UVUH
Ainsi avec les Éditions UVUH, deux livres audio du catalogue. Deux contes pour enfants : « Les 3 J à la recherche de l’esprit de Noël » et « Juli la grande petite ».
Le premier relatant la quête d’une bande d’enfants en quête de l’esprit de noël dans un quartier populaire de Fort de France. Rencontrant à cette occasion des personnalités atypiques et marquantes dont l’on retrouve les personnages-types dans tous les quartiers populaires.
Le second nous emmènera au coeur d’un foyer où vit Juli, cette jeune fille vivant la relation aidant-aidé. Un conte ayant la vocation de nous sensibiliser à cette réalité que vivent bon nombre de familles et donc d’enfants dans une société où la démographie des personnes-âgées est grandissante. Ainsi, ce sujet mérite d’être prise en compte sans détour. Car, c’est à la manière dont une société s’occupe de ses personnes-âgées et ses enfants que l’on mesure les valeurs et les principes de l’humanisme de sa culture. Un conte qui est aussi le fruit d’une collaboration de plus de 10 ans avec l’Association des Aidants Familiaux de Martinique.
Deux contes qui traitent donc de l’esprit de famille dans notre société. L’un par une fête et célébration clés dans les rites annuels de la société. Et l’autre, traitant de la problématique des relations intergénérationnelles et la différence de représentations de ces dernières par deux institutions fondamentales : la famille et l’école. Ravi suis-je de pouvoir maintenir la fonction éducative du conte ouvrant à la possibilité du dialogue dans la relation parentale.
En définitive UVUH
C’est une invitation à rencontrer la littérature de notre ère culturelle, et nouer ou renouer avec elle. Pour qu’il soit encore possible de rencontrer les imaginaires qui perpétuent notre construction culturelle. Clairement, heureux suis-je de participer à cette démarche constitutive de notre patrimoine culturel dans l’actuel. Alors, vous êtes invités à rejoindre ce lakou en vous mettant à l’écoute, pour prendre ainsi la mesure de cette qualité étant celle d’une nature au sein d’une société à l’oralité séculaire. Car c’est dans notre force collective que se trouve notre capacité d’écoute.
« Mwen di’w rété a lékout ! » kontè-a Ka di…
Juste avant la publication de cet article nous avons appris la réception d’un Prix de la Maison d’éditions de Livre Audio Une Voix… Une histoire… Au Festival International du Livre et des arts assimilés au Bénin le FILAB.
Laisser un commentaire